Vaisselle et vases en céramique sont très tendances cette année. En particulier, les assiettes anciennes font un vrai retour en force. La vague vintage s’attaque désormais aux arts de la table. Heureusement, cette tendance stimule la créativité de nombreux artisans qui proposent des pièces de plus en plus originales voire innovantes, qu’il s’agisse de vases ou de vaisselle.
C’est l’occasion de faire un petit point sur tous ces termes qu’on utilise parfois sans bien savoir de quoi il retourne ; ou qu’on hésite même à utiliser…
Une seule et même grande famille : la céramique
Le terme céramique désigne une famille de matériaux, et non pas une matière en particulier ! Faïence, porcelaine, grès et terre cuite sont des céramiques !
En termes de composition, il suffit de distinguer :
- les céramiques à pâtes poreuses : faïences et terres cuites
- les céramiques à pâtes imperméables : porcelaines et grès
Les différences entre ces 4 types de céramiques viennent ensuite de la température de cuisson et du glaçage (vernissage ou émaillage).
Sachez que la céramique est le premier art du feu à avoir vu le jour, bien avant le travail du verre et du métal ! Les premiers objets en terre cuite datent du Paléolithique Supérieur (-45000 à – 10000 avant J.C) et les premiers objets en céramique datent du Néolithique (-6000 à – 2200 avant notre ère).
La terre cuite
Honneur à la doyenne des céramiques pour commencer. La terre cuite se cuit à « basse » température (de 900 à 1000°c). Naturellement très colorée, on la connait surtout pour son utilisation dans la poterie horticole, les briques ou les tuiles.
Son aspect brut et artisanal (on dit brutaliste de nos jours), quand elle est tournée à la main, lui vaut son entrée dans le monde de la décoration : petits objets utiles, sculptures ou poterie décorative. Elle apporte une touche d’authenticité de plus en plus recherchée.
La faïence
La faïence est l’une des plus anciennes techniques utilisées et remonte au Moyen-Age. Elle a été rendue célèbre par une petite ville du nord-est de l’Italie : Faenza… D’où son nom « Faïence »…
Elle se compose de potasse, de sable, de feldspath et d’argile. On obtient un biscuit poreux qui doit donc être recouvert d’un émail (composé de plomb et de sels d’étain) pour la rendre étanche.
La pièce en faïence subit une première cuisson entre 1000 et 1200°C pendant environ huit heures, juste suffisant pour solidifier la pièce tout en la préparant pour l’émaillage. La dernière cuisson, une fois l’émail appliqué, se fait à une température inférieure à la première (à la différence de la porcelaine).
La faïence est peu dense et légère.
Le grès
Le grès se cuit aux mêmes températures que la terre cuite avant d’être émaillé : il subit alors une deuxième cuisson à plus haute température, ce qui va avoir pour effet de le rendre très solide, opaque et non poreux.
Le grès est dense et compact car la pâte a subi un processus de fusion homogène de toutes les particules qui la composent. C’est ce qu’on appelle la vitrification.
Sa solidité explique qu’il était très prisé de nos grands-mères sous forme de pots divers et variés. C’est pour cela qu’il est également utilisé pour la fabrication de carreaux, de vaisselles ou… de pièces sanitaires.
La porcelaine
Inventée en Chine au VIIe siècle, c’est une céramique au biscuit non poreux, recouverte d’une glaçure qui offre à la pièce un aspect brillant, transparent et qui produira un son cristallin.
Le terme de « porcelaine » a été donné en référence à une famille de coquillage du même nom, car on pensait qu’il entrait dans sa fabrication.
Elle nécessite une pâte extrêmement pure, qui se compose de kaolin (argile blanche), de feldspath, de craie, d’argile et de quartz, cuite à très haute température (plus élevée que la faïence).
Les pièces subissent une première cuisson entre 900 et 1000°C, puis à température élevée après la pose de l’émail, de 1250 à 1400°C. A ces températures, on obtient une vitrification qui donne une forte solidité à la porcelaine malgré sa finesse et cet aspect translucide (contrairement à la faïence). Grâce à sa résistance aux chocs thermiques et aux chocs mécaniques, c’est la céramique préférée des professionnels de la restauration et de nombreuses mères de famille.
Surprenant kaolin !
Cet argile blanche, indispensable à la porcelaine, est présente dans nos vies quotidiennes de manière inattendue grâce à sa finesse et ses propriétés « techniques ». Elle entre dans la composition de très nombreux cosmétiques (ces crèmes blanches et onctueuses qu’on se tartine généreusement sur la peau) et c’est elle aussi qui donne une belle finition lisse et blanche à la plupart des feuilles de papier utilisées dans nos imprimantes.
Les gisements de kaolin sont nombreux en Europe mais beaucoup relèvent du même filon qui apparaît à un endroit, replonge dans les profondeur de la terre pour resurgir plusieurs centaines de kilomètres plus loin. Ainsi le gisement de Limoges appartient au même filon que celui qui ressurgit du côté de Lorient… et que ceux qui ressurgissent dans le sud de l’Angleterre…
La porcelaine n’existe que parce qu’il y a le kaolin !
Et la barbotine alors ?
La barbotine est une pâte d’argile fluide utilisée :
• pour le collage entre elles des parties d’une céramique avant cuisson (anses, becs, raccords, ornements ou éléments d’une figure sculptée…)
• pour les pièces coulées dans ou sur un moule (comme pour la porcelaine)
La barbotine colorée est une pâte délayée et teintée aux oxydes, mise au point au milieu du XIXe siècle par la Manufacture de Sèvres et qui permet de réaliser des décors très élaborés.
Par analogie, on appelle barbotines les pièces décorées par cette technique… terriblement kitsches de nos jours (mais qui connaissent un regain d’intérêt) après avoir été un vrai succès à l’époque de l’Art Nouveau…Toutes les manufactures de céramiques en ont fait.
Quelques conseils pour finir…
Distinguer la terre cuite ou le grès, c’est facile. Ça l’est moins parfois de différencier la faïence de la porcelaine.
Tout d’abord, au toucher, la porcelaine offre une plus grande finesse que la faïence. De plus, elle a cette qualité de laisser passer la lumière. Un test simple consiste à placer une source lumineuse sur la base de l’objet : si la lumière se reflète de l’autre côté, c’est de la porcelaine. Cette transparence laiteuse est très caractéristique.
Enfin, le revers des pièces est toujours révélateur : celles en faïence auront un revers terreux (on voit le biscuit apparaître) alors que celles en porcelaine auront la blancheur » kaoline »…
Maintenant que vous en savez autant que nous, place aux coups de cœur !